Les entreprises du CAC 40 ont dû y réfléchir à deux fois avant de verser des dividendes dans le contexte de la crise de la Covid-19.
Que ce soit parce que leur activité a souffert pendant le confinement ou parce qu’elles réclamaient l’argent du gouvernement, de nombreux conseils d’administration du CAC 40 ont changé d’avis entre mars et mai 2020, révisant les annonces de dividendes faites plus tôt dans l’année.
Les entreprises du CAC 40 dans la tourmente
Sur fond de crise de la Covid, 40 % des entreprises du CAC 40 ont décidé de réduire les dividendes versés à leurs actionnaires. Cette réduction va de 5 % à 75 % du montant. Un autre tiers de ces entreprises ont décidé d’annuler le versement de leurs dividendes pour 2020.Cela représente 30 milliards d’euros que les actionnaires du CAC 40 n’ont pas reçus. Selon l’étude de Janus Henderson, les versements aux actionnaires ont chuté de 22 % au niveau mondial au deuxième trimestre 2020 et jusqu’à 57 % en France. Il s’agit de la plus forte baisse des dividendes versés depuis la crise financière de 2008, et ce climat de crise est l’un des facteurs qui a le plus affecté le CAC 40 ces dernières années. En effet, le CAC 40, comme les autres grands indices boursiers, est très souvent affecté par des événements majeurs influençant ainsi le classement des entreprises qui le composent.
La raison de cette baisse est donc en grande partie due à la crise actuelle, mais aussi à la forte pression exercée par les gouvernements sur les entreprises pour qu’elles économisent leur trésorerie. Bruno Le Maire, le ministre français de l’économie et des finances, n’a pas tardé à appeler à la modération dans le versement des dividendes. Le ministère français de l’économie et des finances a également conditionné les aides publiques aux entreprises et le report des impôts et des cotisations sociales au non-versement de dividendes. La conséquence du non-respect de cette règle est le remboursement des aides publiques et d’autres pénalités.Parmi les secteurs les plus touchés, le secteur financier arrive en tête avec une diminution globale de plus de 50 milliards d’euros des paiements de dividendes. En revanche, il convient de noter que les entreprises des secteurs des télécommunications, de la santé et des technologies ont continué à verser des dividendes élevés.
Programmes d’aide et solidarité des PDG
Après que leurs employés et leurs actionnaires avaient constaté une baisse de leurs bénéfices attendus pour 2020, il semblait raisonnable que les PDG se mobilisent également.
Ainsi, environ la moitié des PDG du CAC 40 ont annoncé qu’ils renonçaient à une partie de leur rémunération pour 2020 (qu’il s’agisse du salaire de base ou du bonus). Les montants varient en fait considérablement d’une entreprise à l’autre. Le PDG d’Engie renonce à 15 % de son salaire de base pendant 2 mois, soit l’équivalent de moins de 50 000 €, tandis que le PDG de Kering renonce à 25 % de son salaire de base pendant 9 mois et à 100 % de son bonus pour 2019, versé en 2020, soit l’équivalent de plus de 4 millions d’euros. Le PDG de LVMH renonce à environ 2,5 millions d’euros pour 2020, et celui de PSA à près de 2 millions d’euros.
Les sommes abandonnées par les 7 PDG les plus touchés s’élèvent à 20 millions d’euros, tandis que la somme des 15 autres PDG n’est que d’environ 2 millions d’euros.
L’AFEP, l’Association française des entreprises privées, qui représente plus de 100 des plus grandes entreprises privées opérant en France, a donné quelques directives aux grandes entreprises concernant la crise de la Covid-19. Elle a recommandé que les dividendes soient réduits de 20 % par rapport à l’année 2019 et que les PDG renoncent à 25 % de leur rémunération totale en 2020, somme qui devrait être versée à un fonds de solidarité. Si la recommandation relative aux dividendes a été suivie par 75 % des entreprises du CAC 40, tous les PDG n’ont apparemment pas été convaincus par l’idée de réduire leurs propres salaires. Seuls 22 % d’entre eux ont annoncé une baisse conforme aux recommandations de l’AFEP.
Face aux conséquences de la pandémie et aux difficultés financières qu’elle engendre, les entreprises cherchent à constituer des réserves en conservant les bénéfices plutôt que de les distribuer aux actionnaires. Même si les entreprises ont la capacité financière de continuer à verser des dividendes, elles sont susceptibles d’adopter une approche prudente étant donné le niveau élevé d’incertitude.
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