La motivation est un facteur capital lié à presque tous les aspects du comportement humain. À chaque nouveau projet, chaque nouvelle ambition, chaque action bénigne, l’entrain avec lequel nous nous lançons est conditionné par la nature même de notre motivation.
Beaucoup l’associe à la force de caractère, à l’envie de gagner, de réussir… Cependant, ces facteurs n’expliquent pas les mécanismes qui sous-tendent les divers processus de motivation. Fort heureusement aujourd’hui, grâce à la neuroscience de la motivation nous en savons plus.
Motivation et apprentissage
Notre capacité à apprendre de nouvelles choses et à les retenir est bien plus importante lorsque nous sommes motivés. Désolé d’enfoncer une porte ouverte avec cette affirmation. Cela paraît assez évident non ?
Mais il y a de grosses nuances de motivation dans cette assertion. Nous sommes en réalité tous des êtres motivés. Le simple souffle de la vie qui circule dans tout notre corps est une source de motivation qui nous dirige vers la nourriture quand nous avons faim, vers le lit quand le sommeil s’installe, etc.
Il existe différentes sortes de motivations, et elles ne sont pas toutes logées à la même enseigne. En ce qui concerne l’apprentissage par exemple, nous étudions pour les deux principales raisons suivantes :
- maîtriser le sujet et développer des compétences (objectifs de maîtrise, motivation intrinsèque)
- avoir de meilleurs résultats, être plus performant que les autres (objectifs de performance, motivation extrinsèque).
Une étude conduite par Murayama & Elliot en 2011 a révélé que les objectifs de performance facilitent l’apprentissage à court terme, tandis que les objectifs de maîtrise facilitent l’apprentissage à long terme.
Autrement dit, on pourrait respectivement comparer ces deux observations à :
– une réaction de combustion d’essence,
– et une fusion nucléaire.
Dans le premier cas, les choses vont vite et la chaleur est rapidement produite, brûlée rapidement et dissipée tout aussi vite.
Or dans le second cas, la chaleur produite est bien plus intense. Aussi, la réaction s’auto-entretient sur une très longue période.
Par conséquent, retenez qu’il ne faut pas se comparer aux autres de façon chronique. Les rivalités sont certes de bonnes sources de motivation lorsqu’elles sont saines. Mais il faut prendre garde à l’excès. La personne que vous devez impressionner par dessus tout, c’est vous-même. Et vous vous rendrez compte bien assez tôt que vous êtes très exigeant. Les applaudissements et félicitations doivent toujours être une motivation secondaire. Visez avant tout le savoir, la maîtrise, la compétence.
Motivation et récompense
Deux choses motivent les actions humaines :
- la nécessité (nourriture, sommeil, fuite du danger ou de la douleur),
- la récompense.
Tout objet, événement ou activité peut être une source de récompense s’il nous motive, nous fait apprendre ou suscite des sentiments agréables.
Mais comment notre cerveau calcule-t-il la valeur d’une récompense et comment cela se traduit-il en action ? La réponse réside dans le circuit cérébral connu comme «système de récompense».
Les neurones des différentes zones du cerveau impliquées dans le système de récompense communiquent entre elles grâce à un puissant neurotransmetteur : la dopamine. Une équipe de chercheurs allemands, mexicains et espagnols a indiqué dans cette étude que les neurones productrices de dopamine stimulent de nombreuses zones du cerveau afin de traiter les récompenses et de motiver le comportement.
Ce neurotransmetteur également connu sous le nom d’hormone du bonheur est libéré toutes les fois où une certaine récompense est impliquée dans les actes que nous posons ou la tâche que nous effectuons.
Par ailleurs, la dopamine renforce également les synapses. Il s’agit des points de jonction entre neurones au niveau desquels des messages sont transmis dans l’hippocampe (centre d’apprentissage et de mémoire du cerveau). La signalisation de la dopamine dans les zones du cerveau qui traitent les émotions (l’amygdale) et les régions impliquées dans la planification et le raisonnement (le cortex préfrontal) crée également des associations émotionnelles avec les récompenses.
La récompense peut être matérielle (une prime, un bonus, etc.) ou émotionnelle (la satisfaction d’avoir réalisé 100% des tâches prévues pour la journée, etc). Il est donc important d’avoir fréquemment du succès aussi minime soit-il. En effet, cela renforce l’estime de soi, la confiance en soi et surtout les mécanismes cérébraux liés à la motivation.
Supposons que vous ayez un projet long terme. L’atteinte de cet objectif libérera juste une dose de dopamine. En revanche, si vous décomposez ce dernier en étapes spécifiques, mesurables, atteignables, pertinentes et limitées dans le temps. Vous habituez votre cerveau à prendre du plaisir lors de l’exécution des tâches liées au projet.
Ainsi, non seulement vous développez votre motivation, car votre cerveau réclamera son prochain shoot de dopamine que vous obtiendrez en terminant la prochaine tâche, mais en plus vous diminuez les comportements menant à la punition.
Motivation et compétition
Notre société ultra-compétitive exhorte les figures d’autorité à se servir de la concurrence comme moyen d’accroître la motivation et la performance de leurs collaborateurs. Employé du mois, prime au plus performant, promotion, etc. Au sein d’une entreprise, les ressources humaines ou la direction ont souvent recours à ce type de stratégies pour amener leurs employés à fournir toujours plus d’efforts. Mais cette hypothèse selon laquelle la concurrence est un moyen efficace d’augmenter la motivation et la performance est-elle avérée ?
«Vouloir gagner» et «éviter de perdre» sont deux notions aux différences subtiles, mais distinctement mesurables sur notre moral face à une situation de concurrence, de compétition. Les études conduites par Murayama et Elliot en 2012 ont montré que les effets de la concurrence dépendent de cette différence dans l’esprit des concurrents.
Quand quelqu’un veut surpasser les autres en gagnant, il a tendance à tirer profit de la concurrence. Mais quand il veut juste éviter de faire moins bien que les autres, la compétition réduit sa performance. Une autre étude conduite par Burnette et ses collaborateurs en 2013 a révélé que le désir de gagner est positivement lié à la réalisation des objectifs, celui d’éviter de perdre la face y est négativement corrélé. Toutefois, la volonté de gagner ne s’accompagne de résultats que lorsqu’elle est assise sur des stratégies qui mettent en avant vos compétences et qui tirent parti de votre sentiment de maîtrise.
Motivation et créativité
La créativité est certainement l’un des phénomènes neurochimiques les plus difficiles à comprendre, car elle introduit de nombreux processus physiologiques au niveau du cerveau. Ces dernières années cependant, la recherche scientifique a permis de mettre en évidence de nombreux éléments dans ce tourbillon d’ambiguïté.
Ainsi, d’après les chercheurs, lorsque nous sommes motivés par une expression créatrice, nous nous situons dans l’un des scénarios suivants :
La zone
C’est le terme familier utilisé pour décrire l’état de flow (flux créatif sans entrave) dans lequel les réponses nous viennent sans difficulté. Nous avons les bons gestes avec beaucoup de fluidité et prenons les bonnes décisions avec beaucoup d’aisance. Les artistes notamment décrivent le fait d’être dans la zone comme un état de grâce. De nombreux artistes décrivent être «dans la zone» comme étant un conduit où les idées les traversent sur la page, la toile, l’instrument, etc.
Lorsque vous êtes dans la zone, une région du cerveau appelée cortex préfrontal dorsolatéral (CPFDL) devient moins active. La recherche menée par les Docteurs Charles Limb et Allen Braun relie le DLPFC à la planification, à l’inhibition et à l’autocensure. Or, ces qualités et aptitudes s’opposent presque à un flux créatif non inhibé. Lors de la médiation d’une ruée d’idées, il n’y a pas de temps pour analyser ou organiser. La planification et la censure ne font que gêner.
C’est bien d’avoir de l’intelligence tactique (i.e) la capacité à suivre un plan pour atteindre le résultat escompté. Mais ce genre d’accomplissement n’a que peu d’effet sur la morale et l’estime de soi. Au mieux, cela prouve tout juste que nous sommes de bons suiveurs.
Par contre, lorsque nous prenons des initiatives personnelles (par exemple reprendre à son compte le protocole de gestion d’une situation donnée pour régler un imprévu), lorsque nous sortons des sentiers battus pour proposer une solution meilleure, l’impact sur le morale est positif.
Cela démontre notre valeur aux yeux de tous et aux nôtres surtout. Il n’y a rien de mieux qu’une victoire pour asseoir totalement la confiance en soi et en ses compétences.
De plus, cela active le circuit de la récompense avec notre petit shoot de dopamine et donc une motivation pour aller chercher la prochaine dose en étant encore créative.
Sculpture méthodique
Si la créativité ne se manifestait que dans la zone, les galeries d’art seraient bien plus vides. S’il y a une chose qui soit absolument certaine, c’est que la «zone» est intermittente. Du coup, ce serait pure folie que de compter exclusivement sur elle pour avoir des éclats de génie.
La plupart du temps, la créativité est un travail difficile et fastidieux. Et durant ces sessions de création pré ou post-zone, l’activité dans le DLPFC peut en fait augmenter, surtout si vous passez en revue un travail ou que vous faites de l’édition.
En réalité, l’expression créative implique généralement un subtil équilibre entre l’état de flow et la sculpture méthodique. Comme le dit l’adage, «Ecrivez ivre, éditez sobre», un bon livre ou une chanson émouvante est souvent le produit à la fois d’une inspiration fugace et d’un savoir-faire méticuleux.
- 5 Études Scientifiques Pour Développer La Motivation - novembre 1, 2020