Nous sommes en Russie. Un homme s’approche de la table d’une cartomancienne et lui tend la main pour se faire prédire l’avenir. Elle regarde sa main, elle blanchit et lui prédit un avenir de malheur! L’homme s’altère, sort un couteau et se jette contre la voyante. Deux passants interviennent pour l’arrêter et sont poignardés à mort. L’homme, bouleversé, lâche le couteau et attend d’être arrêté.
Le futur noir de la magicienne s’est réalisé!
C’est ainsi que commence le livre de Davide Lo Presti, psychologue italien, qui explique le phénomène appelé la « prophétie qui s’auto-réalise » dont nous allons parler maintenant.
Chacun de nous se déplace dans un monde fait d’objets concrets mais surtout d’idées, de croyances et de convictions, sur la base de celles-ci il planifie son comportement. Lorsque nous sommes convaincus d’une idée, nous adaptons notre action à cette conviction en créant souvent (plus ou moins consciemment) les conditions pour qu’elle se réalise.
Qui crée l’avenir ?
Pour en revenir à notre récit initial, peut-on dire que c’est la cartomancienne qui a effectivement lu le destin de l’homme, ou bien est-ce lui qui, donnant du crédit à la prophétie, a mis en œuvre un comportement qui la réalise ?
La prophétie, en effet, engendre en celui qui décide de la croire des attentes qui poussent à faire exactement les pas qui conduisent à sa réalisation.
“Ce que nous voyons dépend principalement de ce que nous recherchons.”
Sir John Lubbock
Nous pouvons remarquer que même la simple façon de poser une question influence la réponse, c’est parce que notre esprit tend à chercher des confirmations plutôt que des réfutations. Un exemple est comme à la question « Êtes-vous insatisfait de vos relations sociales? » Nous répondrons plus souvent oui, en soulignant les aspects insatisfaisants de nos relations avec les autres. En revanche, à la question « Êtes-vous satisfait de vos relations sociales? » nous aurons tendance à répondre encore oui, cette fois en mettant au premier plan ce qui nous satisfait.
Les attentes
Nos attentes sur les situations et les personnes sont également conditionnées par les étiquettes que nous attribuons plus ou moins consciemment à ce qui nous entoure. Diviser le monde en catégories est une tendance innée chez les êtres humains et remplit la fonction de simplifier la réalité, de lui donner de l’ordre et de la rendre prévisible en quelque sorte. Chaque label est associé à des attentes différentes qui anticipent la réalité, de sorte que vnous nous sentions plus prêt à affronter les situations sans être pris au dépourvu. De plus, en raison du phénomène de dissonance cognitive, pour maintenir un sentiment de cohérence interne, nous avons tendance à renforcer nos convictions en évitant ce qui pourrait les remettre en question.
Sur nous-mêmes et sur notre potentiel, nous avons aussi des attentes et si, par exemple, nous sommes confrontés à quelque chose que nous pensons au-dessus de nos possibilités, l’attente négative aura pour effet de nous bloquer et d’aggraver nos performances.
Le pouvoir des attentes conditionne aussi notre relation avec les autres. Nous avons tous un système de croyances sur le monde intérieur des autres qui nous permet de formuler des hypothèses continues sur les humeurs et les pensées des personnes avec lesquelles nous nous connectons en nous permettant de prédire leur comportement. Mais nos théories, même si elles sont infondées, finissent par produire en nous des attentes précises qui conditionnent nos comportements et nous conduisent ainsi à les valider.
Se libérer des conditionnements
Comment pouvons-nous nous libérer des conditionnements et changer les situations qui ne nous satisfont pas?
Voici quelques conseils.
Il faut d’abord comprendre que cette situation que nous vivons dépend de la signification que nous lui donnons. Une chose peut être vue comme positive ou négative, mais c’est notre vision de la chose.
Pour passer à la pratique, il est suggéré de suivre ces trois étapes de l’action:
1- analyser nos attentes
2- comment les attentes conditionnent concrètement notre action
3- mettre en œuvre la phase du changement en mettant en place une action émotionnelle correctrice
Il faut toujours garder à l’esprit que les angoisses et les peurs freinent le cerveau et ne rendent pas nos ressources cognitives disponibles qui, autrement, pourraient nous aider à faire face à la situation.
« If you change your attitude towards things you end up changing things »
Emil Cioran
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