« Aujourd’hui, il y a environ 7,5 milliards de menteurs dans le monde », soit l’ensemble de la population mondiale. C’est ce qu’affirme Francesco Albanese, psychologue et psychothérapeute, qui a affronté la question épineuse du mensonge en nous mettant face à une vérité plutôt inconfortable: nous sommes tous des menteurs.
Un exemple? Nous sortons de la maison, nous rencontrons une connaissance qui nous demande « Comment ça va? », nous répondons « Bon! » On vient de se disputer avec notre meilleur ami, on est en colère et amers, mais on ne veut pas en parler. C’est là qu’on a menti.
Maintenant, guidés par le Dr Albanese, faisons un voyage dans le monde des mensonges!
Pourquoi on ment?
Nous mentons pour différentes raisons et avec des intentions différentes. Pour ne pas blesser les autres, par exemple. À une amie qui nous montre sa nouvelle robe, on ne peut que dire « Cool ! » même si on le trouve horrible. Nous mentons pour avoir un avantage, pour éviter une punition ou un jugement négatif, pour obtenir quelque chose, pour nous soustraire à une tâche indésirable. Nous mentons pour nuire sciemment et délibérément à d’autres personnes. Les mensonges utilisés dans ce but peuvent avoir l’effet de lames subtiles que nous projetons vers le prochain.
Quoi qu’il en soit, plus ou moins nobles soient nos motivations, nous mentons tous. Tous les jours, plusieurs fois par jour et indistinctement avec toutes les personnes qui nous entourent. Connaissances, amis, collègues, famille.
Quand on sait que nous sommes tous des menteurs, et qu’au fond, on peut même passer outre, essayons de voir ces considérations d’un autre point de vue: comment nous mentons aux autres de la même manière que les autres nous mentent. De manière différente et avec des fins différentes, mais ils nous fabriquent des mensonges sur des mensonges que nous ne pouvons souvent pas saisir. Des collègues et des amis nous mentent, des parents, des enfants, des maris et des femmes nous mentent!
De ce point de vue, le tout prend une lumière beaucoup plus sinistre. Comment nous défendre contre ces menteurs? Comment les démasquer?
Est-il possible de démasquer un menteur ?
Le Dr Albanese nous quantifie nos chances de réussite: disons tout de suite qu’il est bon de ne pas se faire trop d’illusions, mais que nous pouvons travailler sur une amélioration. Sans aucune préparation, les chances de réussite seraient d’environ 50%, c’est-à-dire que nous serions en mesure de reconnaître comme tels la moitié des mensonges qui nous sont racontés. En suivant quelques indications, comme nous l’expliquerons plus loin, et en faisant un peu de pratique, nous pourrions atteindre un bon 70%. Ce n’est que si nous pouvons ajouter à cela l’aide d’une grande intuition que nous atteindrons un remarquable 90%, qui ne nous met pas complètement à l’abri de tout menteur mais augmente considérablement nos chances de ne pas tomber dans les pièges qui nous sont tendus.
Pour commencer, le Dr Albanese nous explique que mentir implique plus pour notre cerveau que de dire la vérité. Quand nous mentons, nous mettons notre cerveau dans une situation où il lui faut rapidement préparer une réponse qui contienne une « vérité alternative », qui soit crédible. Cela prendra probablement quelques fractions de seconde de plus que lorsque nous disons la vérité, mais si nous sommes habitués à mentir, Même notre cerveau sera plus rapide à fabriquer un mensonge et nous aurons appris à gérer ces sentiments de peur et de culpabilité qui accompagnent les menteurs occasionnels.
Attention au corps et aux expressions faciales
Venons-en maintenant à la pratique. Comme nous le disions, il existe des méthodes qui ne sont pas infaillibles mais qui peuvent nous donner des chances de réussite supplémentaires. Tout d’abord, nous partons du principe que si nous pouvons mentir avec des mots, il est beaucoup plus difficile de le faire avec le corps. Position du corps, ton de la voix, pause et proximité de celui qui parle avec nous, expressions du visage, choix linguistiques sont autant d’indicateurs qui peuvent difficilement être manipulés.
Prenons quelques exemples à partir des gestes. Considérons les gestes illustrateurs et indicateurs.
Les gestes illustrateurs
Les gestes illustrateurs sont ces gestes qui accompagnent et renforcent le contenu de ce que nous disons. Ils impliquent tout le corps, en particulier les mains, les yeux, les sourcils. Celui qui ment (surtout s’il le fait au dépourvu et non de manière préméditée) concentre ses énergies cognitives et mentales dans la confection du mensonge, tend donc à bouger peu pour que son effort puisse se concentrer ailleurs.
Les gestes indicateurs
Les gestes indicateurs sont les mouvements du visage et du corps associés aux 7 émotions primaires (colère, peur, tristesse, joie, surprise, mépris, dégoût)Ce sont des indicateurs très utiles, car ils sont difficiles à manipuler et donc susceptibles de contredire ce qui est dit en paroles.
Nous reconnaissons par exemple quand le bonheur est sincère non par la bouche mais par les yeux, c’est parce que le muscle orbiculaire de l’œil s’active involontairement et ne nous permet pas de modifier sa réaction pour l’adapter à nos éventuelles intentions mensongères.
La surprise est l’émotion qui disparaît le plus rapidement de notre visage, si elle dure plus d’une seconde, elle n’est pas authentique.
L’importance des yeux
Intéressant et surprenant, ce que peuvent nous révéler les yeux : si celui qui parle regarde en haut à droite (à sa droite), il accède à l’hémisphère droit de son cerveau, celui de la créativité, et cherche probablement non pas une information qu’il possède mais quelque chose à créer avec l’imagination (un mensonge?). Au contraire, si le regard se tourne en haut à gauche, on puise dans la sphère des souvenirs, puis dans quelque chose de réel.
Et pour finir…
De même, la position des jambes, des pieds, des mains, peuvent nous donner des indications précieuses et, comme le suggère malicieusement le Dr Albanese, maîtriser ces connaissances peut aussi faire de nous de parfaits menteurs !
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